Pronos Évals
Enoncé:
La société totalitaire
Corrigé:
Introduction
Au sortir de la Première guerre mondiale, l’Europe doit panser ses plaies. Les années 1920 voient un certain retour de la croissance dans la plupart des pays mais la situation politique et sociale reste très tendue avec la montée des extrêmes, partis communistes révolutionnaires, et partis d’extrême-droite. La crise des années 1930 provoque un net ralentissement de l’activité et s’accompagne d’un creusement des inégalités ainsi que d’une aggravation de la misère qui touche surtout les ouvriers et une partie des classes moyennes. C’est dans ce contexte très difficile que les régimes totalitaires se mettent en place en Italie, en Allemagne et en Espagne ou se consolident comme en URSS, profitant de cette crise pour attirer vers eux des masses de gens ayant perdu l’espoir. Des régimes totalitaires façonnent la société pour qu’elle soit conforme à l’idéologie officielle : on peut parler des sociétés totalitaires. La population doit, de gré ou de force, suivre le modèle qu’on lui impose et apprendre à vivre sous un contrôle permanent. Qu’est-ce qui caractérise les sociétés totalitaires? L’arrivée au pouvoir des fascistes en Italie en 1925, puis la mise en place des dictatures stalinienne en URSS et hitlérienne en Allemagne bouleversent les sociétés victimes de ces totalitarismes. Qu’est-ce qui caractérise les sociétés totalitaires?
I. Une société encadrée et manipulée
A. L’endoctrinement de masse
Tout d’abord, les gens sont encadrés par une idéologie omniprésente. Les médias sont utilisés par le pouvoir qui en fait des instruments de propagande. La censure étouffe toutes les idées alternatives et donc jugées subversives. Car il ne doit plus rester que les images que le régime veut véhiculer. «La propagande devient alors véritablement manipulatrice. Elle fonde ses vérités - qui doivent être partagées par le plus grand nombre - indépendamment de toute adéquation aux faits.», écrit F d’Almeida dans son livre Image et propagande (doc.2). On manipule les événements, on réécrit l’histoire pour que cela «colle» avec l’idéologie ou pour la justifier. Ces images placées le plus souvent possible devant les yeux des populations doivent devenir leurs seules références. «L'image déforme ainsi la réalité et diffuse une situation plus conforme à l'idée que les dictatures se font de leur élite politique et de leur histoire.», écrit aussi F. d’Almeida. C’est en effet par l’image en particulier que les dictateur tentent d’imposer leurs idées. Les écrits subversifs sont détruits ou d’un accès très limité. Cela est illustré par les autodafés, courants dans l’Allemagne nazie. Les photos sont retouchées, par exemple, les visages des personnalités politiques condamnées lors des procès de Moscou sont effacés des images d’archives, leur existence même et donc celle d’un courant d’opposition, est niée (doc.2).
B. Une société soumise au culte de la personnalité du chef
Un culte de la personnalité se développe autour de la figure du dictateur (doc.1), qui doit apparaître comme un homme providentiel, déterminé et sûr du bien fondé de sa politique. On élève des statues à la gloire d’Hitler ou de Staline. Des symboles de ralliement permettent de reconnaître les siens, la croix gammée par exemple. Dans les écoles des photographies du chef sont affichées dans chaque salle, de même dans les administrations. Les symboles du régime ou le visage du Duche ou du Führer, placés dans les lieux publics, rappellent aux gens qu’ils sont sous une surveillance permanente et qu’ils doivent respect et obéissance à leur dictateur.
C. L’embrigadement de la jeunesse
La jeunesse devient un cible privilégiée de la propagande (doc.1). Les enfants sont embrigadés très jeunes, retirés de la garde de leurs parents et intégrés dans des groupes éducatifs para-militaires où l’on pratique le bourrage de crâne. Ils seront ainsi des auxiliaires dévoués du pouvoir, dévoués à leur chef, et prêts à se sacrifier ou à trahir leur famille, si nécessaire en dénonçant leurs parents, pour servir le régime.
II. Une société qui vit en permanence sous la terreur :
A. La négation de l’individu par la répression
En second lieu, la société totalitaire vit sous le règne de la Terreur. Les opposants sont pourchassés et punis, souvent exterminés. On peut parler de négation de l’individu, car seul compte la puissance du groupe, de la masse, l’individu n’est qu’un élément insignifiant de ce groupe, on peut alors l’humilier, le torturer mentalement et physiquement (insultes, mauvais traitement, perte d’identité). La barbarie des bourreaux va jusqu’à vouloir imposer aux victimes la conscience de leur propre insignifiance comme l’écrit un opposant politique allemand (doc.4) «On nous a brisés en petits morceaux, on a privé de volonté notre Moi et étouffé notre Moi». Les opposants éliminés, doivent disparaître pour construire une société épurée, nouvelle avec la promotion du modèle d’un homme nouveau, pur produit de l’idéologie, obéissant, fort, zélé.
B. La terreur : un instrument de gouvernement
Pour imposer la terreur au sein du peuple et parmi les ennemis ou les personnes indésirables, on fait des exemples en organisant ouvertement des actes d’une extrême violence comme la Nuit de Cristal (21 novembre 1938) au cours de laquelle des pogroms contre les juifs furent orchestrés par le régime. «C'est le 10 novembre 1938 à trois heures du matin que se déchaîna un tourbillon de cruauté sans égal en Allemagne et dans le monde depuis les temps anciens de la barbarie.» (doc.3). En effet, certaines catégories sociales ou certains groupes sont désignés comme néfastes et discriminés voire exterminés. Les juifs sont les principales victimes de cette barbarie dans les territoires contrôlés par Hitler. Les Nazis les laissent mourir de faim dans le ghetto de Varsovie, et finissent par planifier leur déportation et leur extermination. En URSS, ce sont les koulaks, des paysans propriétaires qui ont tenté de s’opposer à la collectivisation des terres, qui seront brisés par le régime. Des millions vont être déportés au goulag et mourir de faim, de fatigue ou des mauvais traitements (doc.5).
En conclusion:
Ainsi dans les sociétés totalitaires, il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des hommes, comme le ferait une dictature classique : un régime totalitaire tente de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. Ainsi, on peut caractériser la société totalitaire comme une société marquée par une idéologie imposée à tous par des moyens de communication de masse au service de la propagande officielle. Elle est dirigée par un chef charismatique autour duquel s’organise un véritable culte de la personnalité, utilisant la terreur comme ultime moyen de contrôler et de soumettre sa population grâce à des forces armées dévouées et à un appareil policier omniprésent.